Sécurité

 

Selon l'étude de santé Côte-Nord 2005 fait par l'agence de santé et services sociaux du Québec, 43% des nord-côtiers disent se sentir insécure sur la route 138, et 61% des travailleurs dans le secteur du transport disent de-même. Selon le sondage 48% des répondants disent que cette peur est dû à la configuration de la route, souvent hors normes. L'agence de santé et services sociaux à fait une moyenne de leurs enquête et un taux de 50% des répondants depuis 1995 disent la route 138 épeurante. Rappelons que cette étude ne portait que sur la route 138 à partir de Grandes Bergeronnes vers l'est. Le secteur le plus dangereux à l'approche de la traverse n'a pas été considéré. 

 Le camionnage ne fait qu'augmenter d'année en année, de 26% par exemple de 2009 à 2011, et bientôt augmentera encore plus rapidement avec la mise en place du"Plan Nord".

 

Le bas de la côte de Tadoussac: à haut risque

Cette côte de 1.5 km de longueur atteint à deux reprises un degré de dénivellation de 10%, elle traverse une zone habitée du village de Tadoussac pour s'achever abruptement par un arrêt sur le quai des traversiers.

img_6430Le bris mécanique d'un véhicule, le malaise d'un conducteur ou des mauvaises conditions météo suffiraient pour transformer un véhicule, particulièrement un des 1000 camions-remorques qui transportent des matières dangereuses dans cette côte à tous les mois, en une véritable bombe. En effet, au bas de la côte s'agglutinent les véhicules en attente parmi lesquels les passagers sortent se dégourdir alors que d'autres véhicules débarquent des traversiers. Dans les périodes d'achalandage, lorsque les files d'attente se prolongent au delà de la côte elle-même, ou dès qu'une douzaine de véhicule en attente s'accumulent, l'entrée de la voie de détresse pour véhicules en difficulté est obstruée. Ainsi, le pire des scénarios devient difficilement évitable.Le 23 décembre 2014, un camion remorque a manqué de frein dans cette côte et a embouti 5 véhicules sur le traversiers, forçant l'hospitalisation d'une personne.

 

Le Syndrome de la traverse

syndrome de la traverseTous les utilisateurs réguliers du service de traversiers à Tadoussac connaissent le syndrome décrit par le Dr Samson (. Ce phénomène, mortel pour certains, résulte d'une agressivité mal contenue d'un conducteur autrement prudent sur la route. Cette agressivité s'explique par les contraintes imposées au conducteur avant, pendant ou après la traversée du Saguenay. La description du syndrome correspond étroitement au vécu des usagers réguliers de la traverse.

Lettre du député de Saguenay au Ministre des transport; Juin 2001:

«Ce syndrome, dangereux pour celui qui en est atteint, peut avoir des répercussions diverses sur d'autres automobilistes sous forme d'accidents mortels, de blessés graves, de blessés mineurs ou de dommages matériels. Les automobilistes qui se rencontrent dans chaque sens aux abords de la traverse peuvent en être atteints simultanément et de ce fait, décupler les risques d'accidents. »

En fin de lettre le député précise que la solution à ce problème est la construction d'un pont.

Vous pouvez consulter un extrait du rapport du coroner Arnaud Samson suite au décès accidentel de Monsieur Armand Turbis de Havre Saint Pierre: coroner 2001 de même qu'une lettre de l'ex-député Gabriel-Yvan Gagnon à Monsieur Guy Chevrette, ex-ministre des transport, sur le syndrome de la traverse Tadoussac-Baie-Ste-Catherine : gagnon 2001

Ce syndrome contribue à expliquer un taux de décès plus de 3 fois supérieur à la moyenne provinciale aux abords du Saguenay sur la route 138.

Paradoxalement, une analyse récente de la SAAQ, entre 2011 et 2015 indique que ce syndrome est disparu virtuellement. Alors que le coroner Samson dénombrait dans son rapport sur le Syndrome de la traverse entre 1995 et 1999 (5 ans) sur les routes d'approche de la traverse entre La Malbaie et Les Escoumins, sur 5 ans , 928 accidents de la route dont 20 décès (K81, K82), la SAAQ évalue qu'il n'y a eu que 303 accidents et 3 décès sur le même segment routier dans les 5 ans entre 2011 et 2015 (K80).

En Novembre 2005, l'émission JE du réseau TVA publiait une analyse indiquant que la route 138 entre Québec et Sept-Îles était la plus meurtrière au Québec, beaucoup plus meurtrière par exemple que la route 175 avant qu'elle ne soit transformée en autoroute.

Alors que les analyses de la SAAQ se font sur des paramètres urbains d'abord,les informations transmises aujourd'hui par la SAAQ ne peuvent pas être comparés aux données antérieures à 2010 pour plusieurs raisons que la SAAQ pourra expliquer dont: changement des formulaires de rapports d'Accidents à remplir par les policiers, modification des critères d'accidents considérés comme matériels majeurs, absence de tous les accidents pour des raisons de localisation confuse (par exemple il est plus facile de localiser les accidents en milieu urbain ayant des repères, ou coin de rue à proximité que de localiser ceux qui sont situés sur une route en plein bois. Contrairement aux statistiques de la SAAQ, nous estimons que la dangerosité de la route reliée au syndrome de la traverse n'a pas diminué au tiers de ce qu'elle était. De plus, plusieurs facteurs s'ajoutent à cette dangerosité:

 

Facteurs aggravant le syndrome de la traverse sur le tronçon entonnoir de La Malbaie à Les Escouminsaccident

Les pelotons qui seront générés par les nouveaux bateaux qui expulsent des groupes de véhicules accrus de 52% (de 72 à 115 ) en période d'achalandage. Les véhicules resteront emprisonnés sur une distance beaucoup plus grande considérant le peu d'espace de dépassement disponible sur la route 138, particulièrement entre Baie Ste Catherine et La Malbaie. 

  • Accroissement de l'achalandage prévu (Étude Naturam) en surplus (réel) et à prévoir (Labrador et projets nord-côtiers, alumineries, hydroélectricité )
  • Dangers générés par les files d'attente aux quais des traversiers, par la circulation des piétons à travers les véhicules en attente et ceux arrivant en fin de file d'attente, par la difficulté de circulation pour les gens des villages de part et d'autre du Saguenay, par la mauvaise définition des responsabilités quant à la gestion de ces longues files particulièrement en haute saison touristique.
  • Dangers maritimes reliés à la croissance du nombre de navires et d'embarcations circulant à l'embouchure du Saguenay et aux environs; aux conditions météorologiques sur l'eau, plus particulièrement la brume l'été empêchant l'utilisation d'un troisième navire, les glaces et les vents l'hiver empêchant les traversiers d'accoster, et qui, occasionnellement, les déportent vers le fleuve, obligeant l'intervention des brise-glaces de la garde-côtière canadienne. L'étude d'opportunité souligne en partie ces réalités. « Par contre, les navires doivent tenir compte des courants alternatifs des marées, des vents souvent forts, canalisés par le couloir du Saguenay, soit de 40 à 70 nœuds (60 à 100 km/h), du brouillard compliquant les approches des quais et du trafic maritime se déplaçant perpendiculairement au trajet des traversiers. Toutes ces conditions de navigation sont autant de facteurs pouvant retarder la traversée de la rivière Saguenay ou les manœuvres d'approche et d'accostage. L'hiver, par vent de nord-est et en marée montante, les glaces du fleuve viennent s'accumuler entre les deux rives du Saguenay et peuvent compliquer la traversée. Au printemps, il arrive parfois que le déglaçage en amont de la rivière apporte de grandes plaques de glace obstruant ainsi le trajet de la traversée. »
  • Inconfort des conducteurs quant au maintien de l'intégrité de leur véhicule ou de leurs vêtements lors de la traversée maritime, espaces exiguës entre les véhicules, proximité des véhicules lourds souvent empoussiérés ou couverts de gadoue, espace restreint de manœuvre. Plus de la moitié des UEA (unité-équivalent-auto) transportées dans les huit traverses de la Société des traversiers du Québec le sont à Tadoussac. Plusieurs incidents y sont rapportés chaque année ,
  • Circulation des usagers des traversiers dans des conditions parfois périlleuses lors de grands vents ou lorsque les embruns salés recouvrent les véhicules ou éclaboussent les passagers. Ces situations sont particulièrement pénibles en période hivernale.
  • Détour par Ville de Saguenay des camionneurs en provenance de Québec, de Montréal ou de la région préférant s'imposer un long détour pendant lesquels ils recevront un salaire au kilomètre parcouru plutôt que de s'astreindre à de longues attentes la nuit aux quais des traversiers. Deux accidents mortels survenus entre Bergeronnes et Tadoussac à l'automne 2002 impliquaient ces camionneurs qui, s'il y avait eu un pont, n'auraient pas eu à s'imposer ce long détour de nuit.

 

Les dessous du syndrome de la traverse

img_6143Les dangers et irritants précités s'ajoutent aux effets du syndrome de la traverse décrit par le coroner Arnaud Samson : impatience des conducteurs, prise de risques pour arriver à temps au bateau, tentative de se libérer des pelotons de plus en plus importants formés par les longues files de véhicules à la sortie du bateau, etc.

La somme des dangers et irritants ajoutée à la fatigue d'un long déplacement aggrave la dangerosité du segment routier entre La Malbaie et Les Escoumins. Voilà qui explique que le taux de décès et de blessés graves y est nettement plus élevé que sur le dangereux tronçon de la route 175 entre Québec et Saguenay (Chicoutimi) et le taux de décès par 100 mkp plus de 3 fois plus élevé que sur la moyenne des routes du Québec.8

En se référant à des études faites par le ministère des Transports et à une analyse des décès récents imputables aux attentes à la traverse et aux autres facteurs indépendants ou reliés au syndrome de la traverse lui-même.

 

Les nouveaux traversiers et le syndrome de la traverse

Les 2 nouveaux traversiers contenant non plus 75 véhicules mais bien 115 véhicules

La Société du Pont estime que plus de 50 % des décès et blessés graves survenus sur le tronçon entonnoir aux approches de la rivière Saguenay pourraient être évités par la construction d'un pont et de ses approches.

Certains de ces facteurs, vus par des non-utilisateurs des traversiers, pourraient paraître anodins ou empreints d'une perception émotive comme le syndrome de la traverse lui-même. Cependant, les utilisateurs réguliers du service de traversier et les nord-côtiers connaissent cette réalité et les coûts en vie, blessures et autres pertes pour leur communauté. La sécurité des usagers de la route est un enjeu majeur et incontournable de la traversée du Saguenay à Tadoussac. Au fil de la croissance de l'achalandage, le problème s'accentuera.